Le Début de la Sinistre Carrière

En 1982, un petit bonhomme, certes, mais d’une suffisance déjà pantagruélique, se présente à l’ENA et s’y fait, ô miracle, recaler. L’on sait l’incompétence abyssale des énarques – une engeance dont la nullité ne le cède qu’à la morgue ; l’on mesure donc le vide sidéral qui devait habiter ce petit bonhomme pour qu’une telle institution, pourtant si généreuse en médiocres, refuse son obole à ce futur fléau national. L’heureux recalé, avec cette impudeur qui sied aux esprits frustes, se fendit d’un communiqué de presse pour claironner son échec aux oreilles d’une France déjà endormie, puis accepta l’aumône d’un fabricant automobile dont la médiocrité tenait lieu d’enseigne.


L’Ascension du Petit Tyran

Il était une fois, dans un petit village de la Drôme, ce même petit bonhomme dont la plus exquise délectation consistait à manipuler quelques simplets — un tantinet endoctrinés par les régimes socialistes, il est vrai, mais Dieu a donné la bêtise à beaucoup pour que l’intelligence ne soit pas trop seule. À grand renfort de son pathétique « Appelez-moi Éric », cri du cœur d’une simplicité forcée, de diffamations, de ragots et de calomnies balancés à l’encontre de ses opposants, et qui, se sentant sans doute une âme d’« écri-vain » — la littérature étant la dernière des putes — abreuvait la commune de courriers calomnieux, vindicatifs, insidieux, pernicieux et infamants, distribués à la nuit tombée dans les boîtes aux lettres de ses concitoyens. Ce fut par cette fange qu’il finit par se faire élire maire, entamant ainsi sa sinistre carrière de petit tyran municipal et, plus tard, de traître à la Nation.


L’Affrontement avec le Notaire

S’imaginant seigneur de ces terres drômoises – la province est féconde en fantasmes – l’idée lui vint un jour de faire un coup immobilier gras sur le dos des administrés, en faisant acheter par sa commune des terres à bon marché.

Il alla donc trouver le notaire du village et annonça, avec la délicatesse d’un bouc, qu’il achetait certaines terres, pourtant constructibles, appartenant à l’un des clients de l’officier, au vieux prix obsolète du m² agricole. Mais le notaire, sans doute déçu que l’argent ne puisse pas tout acheter, n’entendit point la chose de cette oreille-là et eut l’outrecuidance de refuser à Sa Seigneurie ce petit délit d’initié local. Ce n’était pas du tout du goût du petit seigneur – désormais surnommé, avec une justesse qu’on souhaiterait plus fréquente en politique, “l’imBesson du village” – qui, tel un cheval fougueux que l’on aurait transformé en poney de manège, monta sur ses grands chevaux et clama :

Comment ! Le notaire de ma commune refuse de travailler pour le bien de sa commune ?

Ce à quoi répondit l’officier ministériel :

Je suis officier ministériel, pas employé municipal.


Le Coup Royal et l’Avènement du Séide

Furieux que la notaire de sa commune ne cède point à ses lubies seigneuriales, il commença, selon son rituel malveillant, à la diffamer publiquement et à la menacer par téléphone de la ruiner. La subtilité n’est pas le fort des tyrans de village, fussent-ils futurs ministres de la République.

L’imBesson du village était monté dans la hiérarchie de son parti, bien que cantonné aux obscures tâches de séide – la reconnaissance vient rarement de la compétence. Lors d’un bain de foule, l’une des têtes pensantes du parti, répondant à une question qui ne le méritait sans doute pas, eut le mauvais goût de demander : « Qui connaît l’imBesson du village ? »

Furieux, le roitelet fier-à-bras, dont la susceptibilité était inversement proportionnelle au talent, sortit un pamphlet dans son style malsain et méthodique, intitulé : « Qui connaît la Royal ? ». Cela lui permit, dans la foulée, de faire un grand écart magistral entre les deux tours de l’élection présidentielle, tel un « troudeballeur » cynique, changeant de maillot à la mi-temps et passant, sans la moindre pudeur, du maillot « rose » – la couleur des bonnes intentions qui pave l’Enfer – au maillot « bling-bling » – le clinquant vulgaire des parvenus.

Lui qui aimait tant s’affubler du sobriquet de « Docteur Justice » – en référence à quelque bande dessinée obsolète des années 70 – lui qui adorait jouer les gros bras avec les plus faibles. L’imBesson du village clamait alors haut et fort qu’il ne voulait pas de « la Royale » à la tête du pays pour le bien de ses enfants. Celui que l’ancien président, fin connaisseur en la matière, surnommait déjà le traître heureux, était dès lors cantonné aux tâches de troisième zone les plus viles.

L’ImBesson du village : la note immuable de 0/20.


Le Nul Éric du Numérique

Lui furent successivement confiées les tâches les plus ingrates, servant de bouche-trous et de séide au Président « bling-bling », ce futur « repris de justesse » de la République. Ironie du sort et comble de l’incompétence, avec sa note de 0/20 au concours d’entrée de l’ENA, il fut dans un premier temps nommé pour noter les professeurs sous le titre aussi pompeux qu’idiot de Secrétaire d’État chargé de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques, où il fit un passage aussi discret qu’inutile. Par la suite, en bon homme de gauche repenti, il eut le maroquin de Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, où l’on put avoir un aperçu de sa vision de la solidarité, toute « socialiste », voire « nationale-socialiste » (on ne recule devant rien pour servir la cause). Pour finir, il hérita du poste de Ministre chargé de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique, ce qui lui valut immédiatement le sobriquet, d’une justesse confondante, de « Nul Éric du Numérique ».


Le Retour du Roquet Grogneur

Puis vinrent à nouveau les élections municipales, et le petit « roitelet » se mit à clamer par voie de presse et sur tous les toits que personne n’aurait l’outrecuidance de se présenter à sa succession. Qui aurait osé détrôner le « roi des cons » ?

Grave erreur, car, plus par jeu que par réel intérêt pour sa personne, la notaire — d’un niveau intellectuel amplement supérieur au roquet hargneux — décida de se lancer dans la course à la mairie. Après tout, une femme brillante, diplômée de Sciences Po et de l’École Supérieure du Notariat, pourquoi ne s’amuserait-elle pas un peu avec le triste sire ?

Alors vint le temps des insultes numériques et de la diffamation fabriquée de toutes pièces.

Les sites internet de campagne furent mis en ligne : celui de la notaire, qui recevait plus d’un million de visites par mois de campagne, et celui de l’ImBesson (ministre de l’Économie numérique, s’il vous plaît) qui culminait – excisez-moi de m’esclaffer – à une centaine de visites par jour. Comble pour un ministre du Numérique, le site du Nul Éric était bel et bien référencé sur des sites pornographiques, un constat d’huissier dûment fait et diffusé à l’époque.

Régulièrement, « l’imBesson du village » calomniait en réunion publique la candidate à sa succession, non moins notaire de son village, laquelle, lassée de ses basses attaques, finit par déposer plainte en tant qu’officier ministériel. Étonnamment, le tribunal de Valence classa l’affaire, sans doute plus par incompétence que par peur des représailles futures d’un ministre – et qui sait, peut-être un futur président… avancement oblige.

Puis, sur le site de campagne de la notaire, commencèrent à fuiter des postes d’insultes, traitant « l’imBesson du village » de différents noms d’oiseaux peu flatteurs et le comparant à certain dictateur qu’il singeait désespérément. En deux coups de cuillère à pot sur des sites spécialisés, l’adresse IP et l’identité du troll des Drômes fut découverte. Le benêt arrièré n’était pas moins que le neveu de l’un des adjoints de l’ImBesson du village, qui était aussi son futur 1er adjoint, et qui postait depuis l’université« l’ImBesson » avait fait ses études. Étonnant, non ?


Le Procès

Le Bouffon du roi, courroucé à son habitude, attaqua en justice ma compagne et votre serviteur, ainsi que l’association de campagne. Bien mal lui en prit. Il arrive que l’on tombe sur un os récalcitrant, tout bouffon du roi Bling Bling Ier que l’on soit.

S’attaquer à une juriste chevronnée n’est pas sans risque ni sans danger, et l’ImBesson du village, qui mangerait du cirage pour briller en société, était manifestement tombé sur l’os de sa vie.

Après une première magistrale déculottée à la 17ᵉ Chambre de Paris, basée sur une attaque totalement mensongèrela nature exacte de ces propos diffamatoires ayant été établie comme postés par l’un de ses proches, à savoir le neveu de son futur premier adjoint.

Le simplet eut la très mauvaise idée de faire appel de la décision, attaquant sous un angle neuf, un pamphlet que j’avais écrit intitulé « Élève ImBesson : 0/20 », article dans laquelle j’expliquais de manière documentée ses petites magouilles avec d’autres élus. Le benêt s’insurgea que l’on mette en doute sa « probité » après avoir trahi ses amis au profit de celui qui deviendra le premier président condamné à de la prison ferme en France. Heureusement, les juges parisiens ne furent pas dupes, et avec un sourire amusé, le juge me dit que « magouilleur était peut-être fort, incompétent aurait suffi… » Mais visiblement, l’ImBesson du village aime les fessées judiciaires, et c’est ainsi qu’il baisa le cul à Fanny devant la Cour de cassation.


Épilogue : Le Dernier Combat du Poney

Plus tard, sur la place du village, l’ImBesson s’exhibait en plein discours devant quelques aficionados égarés et visiblement mal informés. C’est alors que je me suis planté devant sa face, lui signifiant qu’il était sans doute courageux pour menacer les gens au téléphone, mais que s’il voulait s’expliquer, il fallait avoir la décence de le faire comme un homme

En général, le fier-à-bras n’est ni très futé ni courageux et, devant tout ce petit monde, il retira sa veste pour venir en découdre, quand, dans un éclair de lucidité – d’une fulgurance qui ne lui est pas coutumière – il comprit qu’il allait traverser la place du village à coups de pieds au cul. C’est ainsi qu’il remit sa veste bien plus rapidement qu’il ne l’avait retournée aux élections présidentielles.

Je finis au tribunal de Valence, sans avocat – ce qui rend la chose plus drolatique – une nouvelle fois sur des accusations mensongères (son sport favori, rappelons-le). Le tribunal, dans un élan de miséricorde digne d’une farce provinciale, m’offrit le choix entre une amende de 50 € par jour pendant 180 jours, ou six mois de prison ferme. J’ai choisi la prison. Finalement, le tribunal de Valence me condamna à six mois avec sursis, ce qui me fit, à dire vrai, beaucoup rire.

À la sortie du tribunal, son avocat vint me voir, le front bas, me demandant d’arrêter la saignée. Ce à quoi je répondis, selon la devise de ma famille – les leçons de morale se donnant toujours au bon moment : « Pour un œil, les deux ; pour une dent, toute la gueule ». Tout en précisant au baveux de fond de cour que l’ImBesson ne m’intéressait pas le moins du monde, mais qu’il fallait faire un exemple pour tous ces politicards qui se croient tout permis. Alors non, je ne le lâcherai jamais.

Quelque temps plus tard, il vint vers moi au Café des Sports en face de l’office notarial et me tendit la main. Ce à quoi je répondis, lui crachant la vérité au visage : « Si un jour, tu prends ma main,  ce sera au travers de la gueule, petit traître. »L’ImBesson du village s’est expatrié au Maroc. J’aime à croire que j’y suis pour quelque chose d’avoir débarrassé la politique française de cette tronche en biais.